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[Vérification] – Burkina Faso : non le régime du capitaine Ibrahim Traoré n’est pas déchu, du moins, pour le moment (par Tama Média)

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Cet article a été rédigé et publié par l’équipe de Tama Média

Des vidéos postées sur le réseau social TikTok font croire au renversement du régime de transition au Burkina, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré. Mais, en réalité, ce sont des vidéos sorties de leur contexte. Même si elles ont bien été tournées au Burkina Faso, ce sont des images qui datent du coup d’État de 2015 contre Michel Kafando. Explications. 

Le 12 juin 2024, un obus a atterri dans la cour de la télévision nationale burkinabè, située à proximité de la présidence de la République. Cet événement a causé des dégâts matériels et fait quelques blessés. Selon les autorités du Faso, c’est un tir accidentel. Entre-temps, sur le réseau social Tiktok, des vidéos sorties de leur contexte ont été propagées, annonçant le renversement du régime de transition, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré. Alors qu’elles sont antérieures à son accession, par la force, à la présidence du pays.

  1. Une vidéo d’AFP TV manipulée
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Cette vidéo avec le logo AFP TV est publiée sur Tiktok le 16 juin 2024, soit quatre jours après l’incident, par le compte enregistré sous le nom Le Bouki. Dans celle-ci, on voit un militaire burkinabè, se réclamant du CND (Conseil national pour la Démocratie), annonçant la dissolution des institutions de transition, sans précision puisque cette partie a été coupée. L’auteur de la publication y a aussi collé la photo d’un autre militaire burkinabè, présenté comme le nouvel homme fort de Ouagadougou. Cet officier militaire est le général Barthélemy Simporé, ancien ministre de la Défense sous le régime de l’ex-président de transition Damiba, renversé par le capitaine Ibrahim Traoré. 

Après vérification, cette séquence d’une durée de 52 secondes est réelle mais sortie de son contexte. En effet, c’est un extrait de la déclaration du Conseil national pour la Démocratie (CND) diffusé par l’Agence France Presse (AFP) le 17 septembre 2015. Dans cette vidéo AFP (00:53), le lieutenant-colonel Mamadou Bamba annonce effectivement la dissolution des institutions de transition. Cependant, il ne s’agit pas du régime du capitaine Ibrahim Traoré. Pour mieux comprendre le contexte, nous avons recherché l’intégralité de la vidéo sur Youtube. Nous l’avons retrouvée sur la chaîne Youtube du site Actualité Burkina la reprenant de la RTB, la chaîne nationale. 

L’intégralité de la vidéo dure 5min26s. En la regardant, l’on comprend aisément qu’il s’agit du coup d’État militaire perpétré le 17 septembre 2015 par les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) contre le régime de transition alors conduit par Michel Kafando, instauré après la chute de Blaise Compaoré, par la rue, en 2014.

  1. Un reportage de France 24 décontextualisé
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Elle est postée sur le même compte Tiktok, cette fois-ci, le 21 juin. La vidéo est un extrait d’un reportage de l’envoyée spéciale de France 24 sur le même coup d’État au Burkina. Sur un texte écrit en gras sur la vidéo, l’on peut lire : « c’est chaud aujourd’hui à la capitale burkinabè. Ib ne (n’est) plus président ». 

Sur l’extrait, la vidéo a été coupée juste avant le moment où des indices allaient montrer qu’il s’agit d’un vieux reportage. Son intégralité, que nous avons retrouvée sur la chaîne Youtube de France 24, fait apparaître clairement qu’il s’agit du coup d’État de 2015. Dans ses questions de relance, le présentateur demandait à décrire la situation qui prévalait à l’intérieur du palais présidentiel où le président de transition Michel Kafando et ses ministres étaient alors retenus. 

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Ce qu’il faut retenir 

Le tir d’obus officiellement qualifié d’accidentel, qui a atterri au siège de la RTB Télé, a donné lieu à des rumeurs faisant état d’une énième tentative de coup d’Etat. L’absence du président transition, le capitaine Ibrahim Traoré, sur la place publique après les jours ayant suivi cet incident a renforcé cette théorie dans les médias et les réseaux sociaux. 

C’est dans ce contexte que ces vidéos extraites des anciennes vidéos de l’AFP et France 24 ont été manipulées par le compte Tiktok Le Bouki. Sa sélection des séquences et des parties extraites ne comportant aucune date contribuent largement à semer la confusion. Alors qu’en réalité, l’intégralité de ces vidéos comporte tous les éléments nécessaires qui indiquent que ce coup d’État date de septembre 2015, bien qu’il s’agisse du Burkina Faso. 

Le 20 juin 2024, le capitaine Ibrahim Traoré a formellement démenti ces rumeurs de tentative de coup d’État et assuré qu’il est bien aux commandes du pays. « Si le poste est vacant, venez prendre », a-t-il ironisé lors d’une visite à la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB).

« Ce sont ceux qui sont là pour vous protéger qui ont malheureusement fait l’incident. C’est dans le cadre de leur relève ; en voulant vérifier un certain nombre de choses, malheureusement quelqu’un a fait partir le coup. Ceux qui étaient à côté, ainsi que celui qui a actionné ont été blessés et transportés à l’hôpital. Dieu merci, ils ont quitté l’hôpital », a-t-il expliqué au personnel de la télévision nationale burkinabè

En conclusion, le capitaine Traoré n’est pas déchu, du moins, pour le moment. Car, à maintes fois, son gouvernement a affirmé avoir déjoué des tentatives de renversement du régime, et sans compter les rumeurs allant dans ce sens qui ne cessent d’alimenter la chronique.

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La Rédaction de Tama média


Cette production a été réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».

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Note d’analyse de septembre 2024 sur la désinformation : tendances sur les réseaux sociaux en Afrique de l’Ouest francophone

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« Cette quatrième note sur les tendances de la désinformation met en lumière les principaux narratifs observés au Mali et au Sénégal au cours du mois de septembre 2024, dans le cadre d’une collaboration entre trois médias.
En septembre, le Mali a été marqué par plusieurs événements dramatiques, dont les attaques terroristes survenues à Bamako le 17 septembre, à quelques jours des célébrations de l’indépendance. Ces actes ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, déclenchant un flux massif de publications, souvent marquées par des propos stigmatisants et des
accusations entre communautés. Les messages de désinformation ont rapidement circulé, amplifiant les tensions et favorisant la propagation de rumeurs autour des auteurs et des motivations de ces attaques.
Au Sénégal, l’actualité de septembre a également été dominée par des polémiques politiques et sociales, notamment autour des élections législatives prévues en novembre prochain. La campagne, les sorties des candidats majeurs, alimentent des débats en ligne. Les discours sur les réseaux sociaux oscillaient entre solidarité et critique virulente des acteurs politiques. »

A lire dans le rapport complet ci-dessous réalisé par Tama MédiaLa voix de Mopti et Sétanal Média, avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».

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