Fact-Checking
[Vérification] – Attention, cette vidéo virale n’a rien à voir avec les récentes inondations en Guinée
Sur Facebook, une page a publié une vidéo virale prétendant montrer les dégâts des récentes inondations en Guinée. Mais, ces images en vue aérienne sont hors contexte et n’ont aucun lien avec le pays. On vous explique.
Le 25 août 2024, la page Facebook STARS a publié une vidéo avec une légende affirmant : « Alerte : vue aérienne de Conakry, inondations totales à Lansanayah ». La vidéo est supposée montrer les conséquences des fortes pluies survenues à Conakry. Partagée par plus de 848 personnes, elle comptabilisait, au 30 août 2024, plus de 180 000 vues, 1 250 likes et 256 commentaires.
Cette publication fait suite aux pluies diluviennes qui ont frappé la Guinée dans la nuit du 23 au 24 août 2024. Ces intempéries ont causé la mort d’au moins une personne et la disparition d’une autre, selon le rapport provisoire de l’Agence nationale de gestion des crises et catastrophes humanitaires (ANGUCH) publié le 24 août 2024. Le même rapport indique que les pluies ont touché 3 437 ménages, soit environ 17 185 personnes, tandis que 306 personnes ont été secourues grâce aux efforts des équipes de secours déployées sur le terrain.
Vidéo hors contexte
En utilisant le logiciel InVID pour une recherche inversée d’images, nous avons trouvé au moins deux occurrences de cette vidéo virale en ligne, où elle a été utilisée pour illustrer des inondations au Bangladesh. Toutefois, cette vidéo est en réalité filmée au Brésil. Une recherche supplémentaire avec Google Lens a permis de retrouver la vidéo originale publiée sur TikTok le 4 mai 2024 par le compte gugamullers.
La publication est accompagnée du texte suivant : « Un travail sans fin de ces héros, de la communauté et des gens qui cherchent à aider tout le monde dans le besoin. Images du jour 04/05/2024 dans le quartier de Santo Afonso à Novo Hamburgo, Rio Grande do Sul ».
La vidéo a généré plus de 9,2 millions de vues.
De plus, en examinant attentivement les images, on peut apercevoir le mot « Atacarejo ». Il s’agit d’un terme portugais désignant un type de commerce mêlant supermarché (« varejo ») de détails et vente en gros (« atacado »), courant au Brésil, d’après unarticle du magazine The Brazilian Report qui précise que les atacarejos sont spécifiques au Brésil, renforçant l’idée que la vidéo ne provient pas de Guinée.
Par ailleurs , le paysage de la ville dans la vidéo vérifiée sont identiques à ceux capturés dans un reportage de France 24 et Euronews sur les inondations dans le sud du Brésil.
Inondations au Brésil, mai 2024
En mai 2024, le sud du Brésil, en particulier l’État de Rio Grande do Sul, a été frappé par des inondations dévastatrices, les plus graves que la région ait connues depuis plus de 80 ans, selon un article de Reuters, une agence de presse internationale basée à Londres. Ces inondations, provoquées par une combinaison de phénomènes météorologiques extrêmes, ont causé la mort de plus de 169 personnes, des milliers de blessés et des centaines de disparus. Plus de 580 000 personnes ont été déplacées, dont environ 68 500 se sont réfugiées dans des abris, rapporte Mongabay, un média en ligne américain spécialisé dans les questions environnementales, notamment la conservation des forêts tropicales et la biodiversité.
Conclusion
Cette vidéo, supposée montrer des inondations en Guinée, a en réalité été filmée au Brésil et diffusée sur TikTok depuis mai 2024.
Fatoumata Bintou Ba
Cette production a été réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».
Fact-Checking
Note d’analyse de septembre 2024 sur la désinformation : tendances sur les réseaux sociaux en Afrique de l’Ouest francophone
« Cette quatrième note sur les tendances de la désinformation met en lumière les principaux narratifs observés au Mali et au Sénégal au cours du mois de septembre 2024, dans le cadre d’une collaboration entre trois médias.
En septembre, le Mali a été marqué par plusieurs événements dramatiques, dont les attaques terroristes survenues à Bamako le 17 septembre, à quelques jours des célébrations de l’indépendance. Ces actes ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, déclenchant un flux massif de publications, souvent marquées par des propos stigmatisants et des
accusations entre communautés. Les messages de désinformation ont rapidement circulé, amplifiant les tensions et favorisant la propagation de rumeurs autour des auteurs et des motivations de ces attaques.
Au Sénégal, l’actualité de septembre a également été dominée par des polémiques politiques et sociales, notamment autour des élections législatives prévues en novembre prochain. La campagne, les sorties des candidats majeurs, alimentent des débats en ligne. Les discours sur les réseaux sociaux oscillaient entre solidarité et critique virulente des acteurs politiques. »
A lire dans le rapport complet ci-dessous réalisé par Tama Média, La voix de Mopti et Sétanal Média, avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».