Connect with us

Actualité

Le président du Cored appelle à la création d’un « nouveau régulateur capable de mettre de l’ordre dans cette floraison de médias en ligne »

Avatar photo

Publié

on

Guinée

Au cours d’un débat en ligne organisé ce dimanche par Divan Citoyen en collaboration avec Ouestaf News, Mamadou Thior, président du Cored, a mis en lumière les défis de la régulation médiatique au Sénégal. Dans un contexte marqué par la prolifération des médias en ligne et la propagation rapide de fausses informations, il a appelé à la création d’un nouveau régulateur capable d’encadrer efficacement ce secteur en pleine expansion et préserver la qualité et l’intégrité de l’information au Sénégal. 

Invité ce dimanche 4 août par Divan Citoyen en collaboration avec Ouestaf News pour un débat sur le réseau social X (anciennement Twitter), Mamadou Thior, président du Conseil de l’observatoire des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored), a exprimé un sentiment d’urgence quant à la nécessité de créer un nouveau régulateur pour la presse sénégalaise. Analysant le contexte sénégalais où les critiques se multiplient à l’encontre des professionnels des médias, exacerbées par la prolifération des fausses informations en ligne, il a exprimé ses inquiétudes quant à l’efficacité du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Selon lui, cet organe, en place depuis 2006, n’est plus en mesure de répondre aux enjeux de l’ère numérique, notamment en ce qui concerne la régulation des médias en ligne. « Nous n’avons pas un régulateur des médias investi de pouvoirs à la hauteur de ses ambitions », a-t-il déclaré lors de ce débat en ligne.

Thior a souligné que le Cnra a été conçu à une époque où les médias en ligne n’étaient pas encore une réalité, ce qui explique ses limites actuelles dans la gestion de ce secteur en pleine expansion.

Un autre aspect problématique relevé par Thior concerne la compétence limitée du Cnra en matière de régulation de la presse écrite, qui n’intervient que durant les périodes électorales. Cette limitation laisse un vide significatif en dehors de ces périodes, où les contenus médiatiques ne sont pas suffisamment encadrés. « Nous avons besoin d’un nouveau régulateur capable de mettre de l’ordre dans cette floraison de médias en ligne », a-t-il insisté, soulignant que l’absence de cadre de régulation adapté favorise la diffusion incontrôlée de contenus, souvent peu fiables, au détriment de la qualité de l’information.

L’exemple ivoirien pour la régulation des médias en ligne

Pour illustrer son propos, Mamadou Thior a évoqué l’exemple de la Côte d’Ivoire, où les autorités ont instauré une régulation destinée aux réseaux sociaux. Les gestionnaires de pages ivoiriennes sur les réseaux sociaux ayant plus de 25 000 abonnés sont astreints aux mêmes règles et normes professionnelles que les médias audiovisuels au niveau du contenu qu’ils publient. Cette Charte des réseaux sociaux est comme un code de déontologie pour les influenceurs et les internautes, explique cet article de RFI. « Elle comporte sept grands principes. Cela va du respect de l’exactitude de l’information, en passant par la transparence dans les partenariats commerciaux ou encore le respect des données à caractère personnel ». Un modèle de régulation qui doit servir d’inspiration pour le Sénégal, selon le président du Cored qui remarque que les médias en ligne connaissent une croissance rapide dans le pays, mais sans véritable encadrement.

Advertisement

Mamadou Thior a également profité de ce débat pour clarifier les rôles distincts mais complémentaires de la régulation et de l’autorégulation dans le secteur des médias. La régulation, a-t-il expliqué, est assurée par des organes d’État comme le Cnra, qui se concentrent sur les « contenants », c’est-à-dire les supports de diffusion des contenus médiatiques. En revanche, l’autorégulation repose sur les professionnels des médias eux-mêmes, via des structures indépendantes telles que le Cored, qui interviennent sur les « contenus » produits par les journalistes. « L’autorégulation, c’est d’abord un comportement individuel », a précisé Thior, mettant l’accent sur la responsabilité des journalistes dans le respect des normes éthiques et déontologiques.

Depuis l’adoption du Code de la presse en 2017, Thior soutient que le Cored a multiplié les efforts pour vulgariser la charte des journalistes, réactualisée en juin 2022. Cette charte établit les principes déontologiques que doivent suivre les professionnels des médias pour garantir une information de qualité. À travers des actions d’autosaisine et en réponse aux plaintes déposées, le Cored intervient pour corriger les dérives constatées dans les pratiques médiatiques. Mamadou Thior a rappelé en effet que les articles 53 et 54 du Code de la presse confèrent au Cored des pouvoirs contraignants, rendant ses décisions exécutoires pour tous les acteurs du secteur. Bien que cet organisme puisse émettre des sanctions, allant de l’avertissement au retrait définitif de la carte de presse, son objectif principal demeure de régler les litiges à l’amiable. Thior a souligné ainsi que le Cored privilégie une approche pédagogique, visant à sensibiliser les professionnels des médias aux enjeux de l’éthique et de la déontologie, plutôt que de recourir systématiquement à des mesures répressives. 

Par Abdoulaye Diop

Cet article a été publié en collaboration avec Ouestaf News

Fact-Checking

[Vérification] – Attention, cette vidéo virale n’a rien à voir avec les récentes inondations en Guinée

Avatar photo

Publié

on

Guinée

Sur Facebook, une page a publié une vidéo virale prétendant montrer les dégâts des récentes inondations en Guinée. Mais, ces images en vue aérienne sont hors contexte et n’ont aucun lien avec le pays. On vous explique.

Le 25 août 2024, la page Facebook STARS a publié une vidéo avec une légende affirmant : « Alerte : vue aérienne de Conakry, inondations totales à Lansanayah ». La vidéo est supposée montrer les conséquences des fortes pluies survenues à Conakry. Partagée par plus de 848 personnes, elle comptabilisait, au 30 août 2024, plus de 180 000 vues, 1 250 likes et 256 commentaires.

Cette publication fait suite aux pluies diluviennes qui ont frappé la Guinée dans la nuit du 23 au 24 août 2024. Ces intempéries ont causé la mort d’au moins une personne et la disparition d’une autre, selon le rapport provisoire de l’Agence nationale de gestion des crises et catastrophes humanitaires (ANGUCH) publié le 24 août 2024. Le même rapport indique que les pluies ont touché 3 437 ménages, soit environ 17 185 personnes, tandis que 306 personnes ont été secourues grâce aux efforts des équipes de secours déployées sur le terrain.

Guinée

Vidéo hors contexte 

En utilisant le logiciel InVID pour une recherche inversée d’images, nous avons trouvé au moins deux occurrences de cette vidéo virale en ligne, où elle a été utilisée pour illustrer des inondations au Bangladesh. Toutefois, cette vidéo est en réalité filmée au Brésil. Une recherche supplémentaire avec Google Lens  a permis de retrouver la vidéo originale publiée sur TikTok le 4 mai 2024 par le compte gugamullers.

La publication est accompagnée du texte suivant : « Un travail sans fin de ces héros, de la communauté et des gens qui cherchent à aider tout le monde dans le besoin. Images du jour 04/05/2024 dans le quartier de Santo Afonso à Novo Hamburgo, Rio Grande do Sul ».

La vidéo a généré plus de 9,2 millions de vues.

Advertisement
Guinée

De plus, en examinant attentivement les images, on peut apercevoir le mot « Atacarejo ». Il s’agit d’un terme portugais désignant un type de commerce mêlant supermarché (« varejo ») de détails et vente en gros (« atacado »), courant au Brésil, d’après unarticle du magazine The Brazilian Report qui précise que les atacarejos sont spécifiques au Brésil, renforçant l’idée que la vidéo ne provient pas de Guinée.

Par ailleurs , le paysage de la ville dans la vidéo vérifiée sont identiques à ceux capturés dans un reportage de France 24 et Euronews sur les inondations dans le sud du Brésil.

Guinée

Inondations au Brésil, mai 2024

En mai 2024, le sud du Brésil, en particulier l’État de Rio Grande do Sul, a été frappé par des inondations dévastatrices, les plus graves que la région ait connues depuis plus de 80 ans, selon un article de Reuters, une agence de presse internationale basée à Londres. Ces inondations, provoquées par une combinaison de phénomènes météorologiques extrêmes, ont causé la mort de plus de 169 personnes, des milliers de blessés et des centaines de disparus. Plus de 580 000 personnes ont été déplacées, dont environ 68 500 se sont réfugiées dans des abris, rapporte Mongabay, un média en ligne américain spécialisé dans les questions environnementales, notamment la conservation des forêts tropicales et la biodiversité.

Conclusion

Cette vidéo, supposée montrer des inondations en Guinée, a en réalité été filmée au Brésil et diffusée sur TikTok depuis mai 2024.

Fatoumata Bintou Ba


Cette production a été réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».

Advertisement
Lire la suite