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[FACT-CHECKING] – Présidentielle sénégalaise de 2024 : le prétendu décret abrogeant la dissolution du parti de l’opposant Ousmane Sonko n’existe pas (à ce stade)
Des rumeurs annonçant la signature d’un décret abrogeant la dissolution de Pastef, le parti politique de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, circulent depuis plusieurs jours au Sénégal. Mais jusqu’à la mise en ligne de notre article, cette décision officielle n’existe pas.
Au Sénégal, après plusieurs semaines de tensions liées au report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024, les Sénégalais sont appelés à voter le 24 mars 2024. Jusqu’au 19 mars 2024, dix-neuf candidats étaient en lice pour le scrutin, l’un d’eux, Cheikh Tidiane Dièye, a annoncé le 20 mars 2024 son retrait de la course au profit d’un postulant issu du parti d’Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye, soutenu par la Coalition Diomaye Président. Ousmane Sonko est l’un des principaux opposants au président sortant Macky Sall.
Le parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) a été dissous le 31 juillet 2023 par décret, quelques heures après l’arrestation de Sonko pour « appels à l’insurrection et complot contre l’autorité de l’État ».
Des rumeurs faisant état de la signature, par Macky Sall, d’un décret abrogeant la dissolution de Pastef circulent depuis plusieurs jours au Sénégal. Ces rumeurs ont notamment été amplifiées par des publications telles que celle faite le 16 mars 2024 sur le réseau social X (ex-Twitter) par le journaliste sénégalais Pape Alé Niang mais également par des propos tenus par Ousmane Sonko lors d’une conférence de presse le 15 mars 2024. À cette occasion, Sonko a affirmé : « Ceux qui disaient ‘ex-Pastef’ vont recommencer à dire ‘Pastef’ ».
« Beaucoup ne voyaient que l’élection (présidentielle, NDLR). Je leur ai répondu que nous irions à l’élection s’il plaisait à Dieu, mais qu’on nous a combattu, maltraité, arraché beaucoup de choses qui nous appartenaient et que je ferai tout ce que je pourrai pour que ça nous revienne. Aujourd’hui, ne nous ont-ils pas rendu notre parti politique ? (Applaudissements.) Ceux qui disaient « ex-Pastef » diront maintenant “Pastef”. C’est revenu ou ce n’est pas revenu ? Ne nous ont-ils pas rendu notre éligibilité, y compris la mienne ? Et pourtant, certains disaient que “d’ici 2039, Sonko ne serait pas candidat” », a précisément déclaré Ousmane Sonko, dont nous avons traduit les propos du wolof vers le français (À écouter à partir de 19:00).
Décret inexistant
Contacté par #SaytuSEN2024 au sujet du prétendu décret abrogeant la dissolution de Pastef, la présidence du Sénégal a démenti cette allégation. C’est « fake (faux) », a réagi Yoro Dia, le ministre porte-parole du président de la République et coordonnateur de la communication de la Présidence du Sénégal.
Ousseynou Ly, un des porte-parole de Pastef, a indiqué que son camp politique n’avait pas reçu notification de la prétendue réhabilitation de Pastef jusqu’au 20 mars 2024.
Aucune indication sur le sujet n’a non plus été mentionnée dans le communiqué du conseil des ministres du 20 mars 2024. Au Sénégal, cette réunion rassemblant le chef de l’État et les ministres se tient traditionnellement le mercredi, les décrets évoqués lors de la rencontre figurent en principe dans le communiqué du conseil des ministres.
Cet article est produit par la Coalition des vérificateurs de faits pour l’élection présidentielle sénégalaise de 2024, #SaytuSEN2024, un groupe de fact-checkeurs de médias et d’organisations de la société civile qui luttent contre la désinformation concernant les élections.
Fact-Checking
Note d’analyse de septembre 2024 sur la désinformation : tendances sur les réseaux sociaux en Afrique de l’Ouest francophone
« Cette quatrième note sur les tendances de la désinformation met en lumière les principaux narratifs observés au Mali et au Sénégal au cours du mois de septembre 2024, dans le cadre d’une collaboration entre trois médias.
En septembre, le Mali a été marqué par plusieurs événements dramatiques, dont les attaques terroristes survenues à Bamako le 17 septembre, à quelques jours des célébrations de l’indépendance. Ces actes ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, déclenchant un flux massif de publications, souvent marquées par des propos stigmatisants et des
accusations entre communautés. Les messages de désinformation ont rapidement circulé, amplifiant les tensions et favorisant la propagation de rumeurs autour des auteurs et des motivations de ces attaques.
Au Sénégal, l’actualité de septembre a également été dominée par des polémiques politiques et sociales, notamment autour des élections législatives prévues en novembre prochain. La campagne, les sorties des candidats majeurs, alimentent des débats en ligne. Les discours sur les réseaux sociaux oscillaient entre solidarité et critique virulente des acteurs politiques. »
A lire dans le rapport complet ci-dessous réalisé par Tama Média, La voix de Mopti et Sétanal Média, avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dans le cadre du projet « Jumelage entre initiatives francophones de lutte contre la désinformation ».