Libre Expression
Tribune de boursiers sénégalais du Mandela Washington Fellowship adressée au Président Macky Sall

À Son Excellence, Monsieur Macky Sall, Président de la République du Sénégal
Pour un État de droit juste et équitable envers tous ses citoyens
Nous, citoyens et citoyennes sénégalais peinés et soucieux de la situation trouble du pays, nous permettons de vous interpeller sur cet état des choses.
Nous croyons que, pour parvenir à un Sénégal meilleur, il est essentiel de faire progresser l’État de droit et de garantir les droits et libertés de tous ses citoyens, sans exception. Malheureusement, depuis quelques années, notre pays est frappé de plein fouet par une série de violences et de répressions sans précédent face auxquelles les seules victimes sont les populations dans leur grande majorité. Il n’est pas difficile de comprendre que tous ces remous et tensions ont une origine politique. Cette instabilité caractérisée par des crises profondes dans le fonctionnement de nos institutions les plus sacrées s’adresse à vous en premier et nous amène, par ailleurs, à vous rappeler que vous incarnez l’union de la nation et avez la responsabilité historique de promouvoir un climat politique apaisé, un dialogue social inclusif, d’encourager une culture de débat respectueux et d’assurer l’indépendance des institutions gouvernementales, en veillant à ce que les principes de la démocratie et des droits de l’homme soient respectés en toutes circonstances.
Monsieur le président, vous vous êtes toujours réclamé républicain dans l’âme. Par ailleurs, vous êtes fondateur et actuel président d’un parti nommé Alliance pour la République et votre rôle en tant que Chef de l’État exige de veiller au respect de la Constitution.
L’article 8 de la Constitution du Sénégal « garantit à tous les citoyens les libertés individuelles, fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. Ces libertés et droits sont notamment : les libertés civiles et politiques : liberté d’opinion, liberté d’expression, liberté de presse, liberté d’association, liberté de réunion, liberté de déplacement, liberté de manifestation, les libertés culturelles, les libertés religieuses, les libertés philosophiques, les libertés syndicales, la liberté d’entreprendre, le droit à l’éducation, le droit de savoir lire et écrire, le droit de propriété, le droit au travail, le droit à la santé, le droit à un environnement sain, le droit à l’information plurielle. » Elle précise quand même que ces libertés et droits s’exercent dans les conditions prévues par la loi.
Dans cette même Constitution, l’article 10 dispose que « chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image, la marche pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre public ».
De plus, l’article 14 dispose que “tous les citoyens de la République ont le droit de se déplacer et de s’établir librement aussi bien sur toute l’étendue du territoire national qu’à l’étranger. Ces libertés s’exercent dans les conditions prévues par la loi”.
Monsieur le président, vous en êtes témoin, le nombre de citoyens ayant subi une répression des forces de l’ordre ou ayant été arrêté par celles-ci, est plus qu’élevé. Leur seul tort, avoir voulu jouir de ces libertés et droits de manière pacifique. Les interdictions quasi systématiques d’exercice de ces droits élémentaires ont conduit à des mesures répressives d’une extrême violence de la part des forces de l’ordre, incluant de marcher quotidiennement sur des cadavres. La situation actuelle du pays est inflammable et les manifestations de plus en plus violentes cristallisent le ras-le-bol populaire. Pourtant, il n’y a rien de plus légitime que de vouloir exprimer sa volonté d’une gouvernance saine de son pays, d’une justice équitable et d’un coût moins élevé de la vie.
Monsieur le Président, le nombre de morts enregistrés depuis mars 2021 est révoltant. Tous ces crimes sont pour le moment impunis, tout comme les nombreux écarts de gestion relevés par les différents corps de contrôle de l’État concernant des ministres, directeurs généraux ou autres membres de votre cercle.
Monsieur le Président, les mesures de coupure d’accès à l’internet, des données mobiles ou l’accès de certains réseaux portent fortement atteinte à ce droit. Aussi, n’êtes-vous pas sans savoir le poids de l’économie numérique dans un pays comme le Sénégal. Par ces mesures iniques, vous privez des milliers de Sénégalais, pour qui internet et les réseaux sociaux constituent un moyen crucial de communication ou de transaction, de sources de revenus au quotidien. C’est le cas également des motocyclistes et cyclomotoristes à qui il est empêché de circuler dès lors qu’un procès politique ou une manifestation doivent se tenir. Par ailleurs, des milliers d’étudiants sont empêchés d’étudier depuis des mois, chassés de force de leurs campus, et cela, dans des conditions difficiles – sans nourritures pour la plupart ou exposés à des dangers comme le viol pour les filles.
Monsieur le Président de la République, quel legs souhaitez-vous faire à ce pays ?
Le tissu social du Sénégal n’a jamais été aussi malmené et déchiré. La mal-gouvernance endémique des ressources publiques et les querelles politiques semblent avoir créé des monstres au sein de la population. Notre peuple qui était reconnu par la qualité des relations entre les différentes communautés qui le composent, est transformé en groupes se regardant hélas en chiens de faïence, s’écharpant à coups de délations et d’accusations, se souhaitant mutuellement la mort. Le mal est profond, d’autant plus que cette animosité germe aussi dans le cercle familial.
Il sera également difficile pour tout concitoyen d’oublier que, pour une première dans l’histoire du pays, une plainte pour crimes contre l’humanité a visé un Président sénégalais. Du fait de ces atteintes constatées aux droits et libertés individuelles et collectives, le Sénégal est en train de “passer de vitrine de la démocratie à latrine de la dictature, en seulement 12 ans, après 51 années de farouches luttes politiques, sociales et syndicales.”
Monsieur le Président, il n’est pas trop tard pour vous rattraper. Votre décision de ne pas vous présenter comme candidat aux prochaines élections présidentielles du Sénégal est un premier pas salutaire. Dans votre déclaration du 3 juillet dernier, vous disiez « j’ai un code d’honneur et un sens de ma responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole ».
Parce que nous sommes convaincus que vous croyez foncièrement en ces paroles, nous vous suggérons d’aller plus loin en faisant, par ailleurs, preuve de sens du fair-play et surtout, en témoignant de votre sens de l’humanité.
Nous estimons, avec sincérité, qu’il vous est possible de défendre l’État de droit sans faire appel à des pratiques d’État policier en réprimant violemment, intimidant, arrêtant, détenant arbitrairement ou torturant toute voix dissonante.
Il nous faut la participation de tous, et plus particulièrement celle des jeunes, pour que le pays aille de l’avant. Et il est de votre devoir comme du nôtre d’œuvrer pour léguer aux générations futures un pays paisible, indépendant, riche de ses citoyennes et citoyens, un État fort, garant de leur éducation, de leur santé, de leur liberté, mais par-dessus tout, de leur dignité d’êtres humains.
Fait à Dakar, le 9 août 2023,
Ont signé
Oulematou CAMARA, citoyenne sénégalaise
Mariama NDIAYE, Entrepreneure
Daouda Malick GUEYE, citoyen sénégalais
Rokhaya DIOP, comptable, citoyenne sénégalaise
Ndiogou GUENE, Ingénieur en génie civil, citoyen sénégalais
Thioro GNING, citoyenne sénégalaise
Mansour SAMB, citoyen sénégalais
Aminata DIOUF, citoyenne sénégalaise
Azil Momar LO, journaliste, citoyen sénégalais

Libre Expression
Opinion | La tendance d’aujourd’hui

Le coût de la vie est très élevé. Tout est devenu cher aujourd’hui. Assurer les besoins de sa famille devient un véritable chagrin. Les parents passent leur temps à chercher des solutions pour faire face à cette situation.
Cependant, on constate que dans beaucoup de maisons ou d’appartements, la plupart du temps, il n’y a presque personne pour s’en occuper. Le matin, tout le monde part vaquer à son travail jusqu’à la soirée, où ils rentrent tous. Les enfants, eux, passent leur journée à l’école.
Quelle en serait la cause ?
D’après beaucoup de nos interlocuteurs, cela est lié à l’évolution de la société. Depuis que des systèmes comme la parité ont été instaurés, les femmes ne veulent plus rester à la maison. De plus, beaucoup d’entre elles n’ont pas trouvé de travail décent.
D’autres expliquent que cela provient de la surcharge financière pesant sur les époux, qui ne peuvent plus subvenir aux besoins personnels de leur femme à cause du coût élevé de la vie. En plus des besoins prioritaires de la maison — factures d’eau et d’électricité, scolarité des enfants, et le loyer —, ces charges rendent les finances très serrées.
Certains vont plus loin en affirmant que certains hommes consacrent une partie de leur argent aux besoins de leurs maîtresses, au détriment de l’essentiel pour leur famille.
De leur côté, beaucoup d’hommes expliquent que les attentes des femmes sont devenues trop importantes, incluant à la fois les priorités de la maison et des dépenses personnelles. Cela, selon eux, serait une des causes de la pression financière accrue dans les foyers.
Par ailleurs, certaines femmes déclarent que les hommes ne peuvent plus assumer seuls les responsabilités familiales. Elles estiment que ce que leurs maris leur donnent chaque mois pour les dépenses de la maison est insuffisant. Les prix des produits sur le marché sont très élevés, ce qui les pousse à chercher un travail pour contribuer aux dépenses et compléter les besoins du foyer.
Une tendance qui se généralise
Tous ces propos recueillis montrent que les personnes sont déterminées à assumer les responsabilités familiales face à cette situation de cherté de la vie. Cependant, cette tendance semble s’amplifier dans notre société.
Ne devrions-nous pas réfléchir dès maintenant à des solutions pour notre avenir, en planifiant et en travaillant pour devenir autonomes et être nos propres patrons ?
Fatima Zahra Diallo